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Comme promis, je vais vous raconter un morceau de ma vie.
 

Je m'appelle donc John, mais c'est un nom que je me suis donné moi même, puisque les huit premières années de ma vie, on m'a appelé par mon code de naissance, J-452-625.
Je suis né en 2058, de parents que je ne connais pas, mais qui m'ont abandonnés à la naissance, ou qui se sont fait tuer par la milice, et je préfère croire en cette deuxième possibilité, croire que mes parents étaient des résistants, et non pas juste un couple d'ouvriers trop pauvres pour nourrir une bouche de plus...

Toujours est-il que ce sont les miliciens du Régime Provisoire qui m'ont trouvé un jour de février, et il devait y avoir parmi eux un homme moins pourri que les autres, puisqu'ils m'ont emmené jusqu'à l'orphelinat plutôt que de me laisser mourir de faim ou de froid.

C'est ainsi que je me suis retrouvé parmi la caste la moins respectée du système, au même rang que les criminels ou les anciens résistants encore en vie, rien de plus que des esclaves, des objets que l'on laisse vivre tant qu'ils sont rentables...

Dès les premières années de ma vie, on m'a destiné à devenir un agent de retraitement des déchets nucléaires, produits par les centrales de la zone riche, et qui sont réutilisés pour les centrales des zones plus pauvres.

Ce conditionnement ne fut pas particulièrement éprouvant, les tâches à accomplir étant peu compliquées. Tout ce que je devais faire, c'était apprendre les chiffres et les maîtriser le mieux possible, développer mes réflexes pour survivre plus longtemps, et passer des heures à encaisser des rayonnements radioactifs de plus en plus élevés, afin d'habituer mon organisme aux conditions des usines de retraitement.

Si ces années n'ont pas été très difficiles, elles ont probablement eu un effet désastreux sur ma santé, et je ne sais pas encore quelles en seront les conséquences...

C'est pendant cet entraînement que j'ai connu Nallé et Marko, tous deux à l'orphelinat, les parents de Nallé étant morts dans un accident de train, et Marko étant né en prison de parents incarcérés pour une durée indéterminée. Nous sommes devenus très proches, malgré notre conditionnement qui nous poussait à ne compter que sur nous même et à se méfier des autres.

Profitant une nuit de l'absence de notre surveillant de dortoir, nous nous sommes enfuis, avec un autre garçon, qui portait alors le nom de R-89-223. Notre évasion ne fut pas particulièrement difficile, la sécurité étant limitée, puisque de toute façon, nos chances de survie dans la Zone Inerte étant quasiment nulles. Mais à l'époque, nous pensions que tout serait plus facile à l'extérieur, et que nous vivrions plus longtemps...

R-89-223 nous abandonna peu après notre évasion, quand il compris que nous n'avions aucun plan pour survivre, nous n'avons depuis reçu aucune nouvelle de lui...

Les premières semaines de liberté furent très difficiles, nous étions affamés, et si nous nous étions enfui en plein hiver, nous serions probablement mort de froid. Heureusement, nous étions au début de l'été, et la chaleur, bien qu'étouffante, nous permis de survivre...

Nous nous sommes trouvé un bâtiment encore debout, et nous avons commencé à explorer les lieux, surtout dans l'espoir de trouver de la nourriture. Nous avons pu survivre grâce à une décharge industrielle, où sont vidés entre autres les restes des repas servis aux ouvriers.

Peu après, nous avons déménagés, quand les patrouilles des miliciens sont devenues trop gênantes. Nous sommes allés sur une ancienne place et nous avons construit nous même un abri, tout proche d'une ancienne bibliothèque, à l'heure actuelle, nous y sommes toujours.